Naissance d’une Route devenue mythique…

Je vais tenter de vous conter cette aventure fabuleuse partagée entre des chevaux de trait et des éleveurs/utilisateurs passionnés

Fin des années 80, le cheval de trait était déjà sur le déclin depuis plusieurs décennies depuis son abandon par l’agriculture et l’industrie. Leur cheptel passait sous des seuils jamais atteints jusqu‘alors…  

Le constat.

Attelage à 4 en défilé dans la ville du Touquet.

Par exemple, les Boulonnais avaient moins de 250 naissances annuelles. Il faut savoir que l’Europe (CEE) considère qu’une race est en voie d’extinction si son nombre de naissance passe sous les 500 individus.

A Wimereux, en septembre 1990, à l’issue du concours spécial de la race Boulonnaise, Bruno POURCHET, alors directeur du Haras National de Compiègne, conscient de l’urgence devant cette situation de désespoir, invita le syndicat Hippique Boulonnais à lancer un défi aux autres races de trait françaises aussi bien qu’européennes pour une « opération de sauvetage » des chevaux lourds.

Chevaux de trait ou chevaux lourds ?

Oui, ce terme de «chevaux lourds » était entré officiellement en France au Journal Officiel (notre Moniteur Belge) par l’arrêté du 24 aout 1976 à la place de « cheval de trait » ; dernier sursaut de l’État Français pour mettre en avant la valorisation de la viande chevaline afin de sauver les races lourdes. Comme si cela allait changer quelques choses…la viande chevaline n’était-elle pas déjà en désamour des consommateurs ?…

Bruno POURCHET, le visionnaire…

Bruno POURCHET réunit donc autour de lui les différentes associations d’élevage de chevaux lourds et d’autres personnes particulièrement investies dans la connaissance de ses races menacées (9 races de traits en France), dont quelques techniciens des Haras Nationaux.

Ensemble, ils envisagèrent de marquer les esprits par un évènement de grande ampleur dont ils souhaitaient le plus grand retentissement.

Tombés d’accord sur le principe d’une grande « course » pour chevaux lourds, il fallait encore lui choisir un nom qui sonnait bien aux oreilles des Français.

Boulonnais dans l’effort de traction du flobart.

Et quand quelqu’un proposa « La Route du Poisson » en mémoire aux mareyeurs qui acheminaient le poisson frais des côtes de la Manche jusqu’au cœur de Paris au 17ème siècle, il paraît (ou est-ce une légende ?), que Bruno POURCHET s’acclama : « tout cela sent fort ! ».

Après les rires de tous, le nom « Route du Poisson » fut retenu…Et ensemble, ils s’attelèrent à créer cet évènement réservé aux chevaux de trait.

L’AP3C.

Sous l’égide de l’Association pour la promotion du Cheval dans la Circonscription de Compiègne (AP3C) et des Haras Nationaux français, le premier rendez-vous eut lieu en septembre 1991.

Logo des premières Routes du Poisson

Le Touquet/Paris-plage.

Le camp de base, où stationnaient les chevaux, était au Touquet, près de l’hippodrome. Ce lieu se transforma rapidement en un lieu de convivialité et de reconnaissance entre les femmes et les hommes présents pour partager le même but : mettre en avant les races de chevaux de trait.

Boulogne-sur-Mer.

Le premier départ des attelages sur le Routier fut donné tôt le samedi matin le long du quai Gambetta à Boulogne-sur-Mer devant la Chambre de Commerce.

Le public a répondu présent avec enthousiasme.

A l’assaut de Paris.

Les attelages en paires se sont ainsi relayés sur une vingtaine d’étapes jusque Paris en moins de 24 heures devant un large public conquis et charmé par ce spectacle inédit des différentes races de chevaux de trait présentées.

Les Ardennais Belges.

Le Stud-book du Cheval de Trait Ardennais, ayant eu vent de l’évènement, envoya, sous la direction de Paul LAURANT, directeur de la foire de Libramont, une délégation belge, et tous revinrent conquis par cette manifestation qui venait de conquérir leur cœur.

…et le rendez-vous était déjà pris pour 1993.

Cela se passerait avec les Ardennais Belges cette fois… foi d’Ardennais…

Nous aussi voulons participer au sauvetage de notre cheval de trait…