Les races de trait françaises.

Une parenthèse aujourd’hui pour vous parler un peu des 9 races de chevaux lourds faisant partie du patrimoine équin français :

Sans photo cette fois. Mais vous pouvez retrouver évidemment de plus amples explications sur la toile…

le Boulonnais.

Appelé parfois le pur-sang des chevaux de trait parce que la légende veut qu’il fut croisé au premier siècle avec des chevaux numides de l’armée romaine de passage à Boulogne-sur-Mer, il était employé pour sa force en agriculture et dans le déplacement de lourdes charges ainsi que, grâce à ses allures étendues comme « mareyeurs » pour le transport au trot rapide du poisson frais (recouvert de goémon contre les rayons du soleil) vers la capitale Paris dans les fameux « Ballons de marée ».

Actuellement souvent de robe blanche, il nait cependant de robe foncée. La filière viande semble rester pour la race un débouché incontournable.

La plus menacée des races françaises de trait.

Par croisement à partir de 2010 avec le pur-sang arabe, il devient l’arabo-boulonnais, cheval de 600 kg. dédié à l’attelage.

 Le Cob Normand.

Originaire de Normandie, il est un cheval carrossier à la base de la race du Selle Français par croisement avec le Pur-sang Anglais. Cette vocation a failli perdre sa morphologie de carrossier et ce ne fut qu’avec beaucoup d’efforts que celui-ci fut sauvé.

Il est le plus léger des chevaux de trait français. Sa taille avoisine le mètre soixante cinq à un mètre septante.

Par croisement avec le trotteur anglais Norfolk, il était jadis très réputé à la traction des carrosses.

En Belgique, il est croisé avec l’Ardennais pour produire un excellent cheval d’attelage en seconde génération.

Le Breton.

Cheval le plus souvent alezan avec des marques blanches, massif mais vigoureux et multitâche, il travaillait dans les nombreuses petites fermes de Bretagne y compris dans les montagnes bretonnes et dont la variante plus légère qualifiée de «Postier » par croisement avec le Trotteur Norfolk était un cheval rapide au trot actif employé dans les relais de poste.

Il fut également croisé régulièrement avec l’Ardennais à des fins d’améliorer sa force de traction.

L’un des ardennais le plus connu est l’étalon Naous né en 1934 et issu d’une jument ardennaise et d’un étalon breton.

Le combat entre les éleveurs tenant d’un cheval viandeux, exporté principalement en Italie, et les éleveurs désirant soutenir un cheval de loisirs est encore aujourd’hui très vif.

Avec le temps, il semble que les bretons bais, rappelant trop le croisement avec l’Ardennais, sont éliminés au profit des alezans.

Son cheptel reste un des plus soutenu de France.

Le Trait du Nord.

Cousin du Cheval de Trait Belge, il était voué au travail sur les terres lourdes du Hainaut, de la Thiérache, de l’Aisne et des plaines de Flandre.

Il a aussi fortement périclité après les fermetures des charbonnages dans les années 50 où il était fortement utilisé, à tel point que sa survie même était en danger.

Il garde aujourd’hui le plus faible taux d’effectif des 9 races françaises avec comme corollaire d’énormes problèmes de consanguinités.

Haut en jambes et en taille, lourd mais puissant, le Trait du Nord possède des larges pieds mieux adaptés aux régions marécageuses.

Les éleveurs l’ont fréquemment croisé avec les boulonnais ce qui apportent élégance et influx nerveux à leur descendance, les différenciant des Traits Belges.         

Le Percheron.

Un cheval à la robe pommelée, parfois noire comme ils le sont tous à leur naissance, est un excellent voiturier, et sans doute le plus exporté hors de Navarre.

On le nomme aussi le « diligencier » car il fut longtemps employé pour les postes et la compagnie des omnibus ou pour tracter de lourdes charges.

On prétend que leur robe grise était plus commerciale en France parce que plus visible la nuit lors de la traction des diligences bien connues des Parisiens.

Les noirs étaient les plus prisés en Amérique et au Canada.

L’Auxois.

De cheptel très hétérogène, on le présente le plus souvent comme un petit cousin de l’Ardennais et du Trait du Nord, souvent de robe baie ou rouanne.

Il est cependant plus grand que l’Ardennais et moins massif.

Il est habile au travail dans la vigne bourguignonne et dans les travaux agricoles.  

Il est cependant une des races françaises au plus faible effectif à l’instar du trait du Nord et du Poitevin Mulassier.

Depuis 1970, il a été sauvé par la boucherie.

Bizarrement l’Auxois est la seule race française qui ne soit pas du tout exportée.

Le Trait Poitevin Mulassier. 

Comme son nom l’indique, il est originaire du Bas-Poitou, un territoire très marécageux.

Il serait issu de croisement avec le cheval flamand ou trait belge venu pour les travaux d’assèchement du marais.

Cependant il est peut-être improprement classé dans les chevaux de trait, car sa vocation première est le croisement avec le Baudet du Poitou pour la production de mules et mulets robustes de grandes tailles.

L’élevage est difficile avec le manque de fécondité et d’ardeur du Baudet du Poitou.

Et il faut penser aussi à produire des juments mulassières une année sur trois.

Le mulet a aussi intrinsèquement moins de valeur que le mule…

Suite à l’effondrement du marché muletier, la race est au bord de l’extinction et souffre d’une importante consanguinité et de la faible valeur de sa carcasse pour la production de viande.

Son caractère très doux en fait un bon cheval pour l’hippothérapie.

 Le Comtois.

Race au cheptel quasi stable actuellement, cheval de trait moyen assez trapu, emblématique de Franches Comté à la robe claire et aux crins blancs, il a le pied montagnard.

Il était très proche des chevaux franches montagnes suisses et les croisements étaient fréquents.

…Le salut bienvenu vint de la race ardennaise. Il fut choisi bai et sans marques blanches.

Il était réputé comme cheval de train pour l’armée.

Le dix-huitième siècle a failli le faire disparaître en privilégiant des croisements à tout va avec les autres races françaises de trait comme de selle.

Et même s’il possède selon certains des origines plus anciennes, c’est au début du vingtième siècle qu’il renaît.

Cheval construit pour le travail des champs ou le charroi, la fixation de sa robe daterait après la seconde guerre mondiale par l’introduction d’un seul étalon du nom de « Questeur » et qui possédait le gène dominant « Silver » qui déterminera sa robe actuelle car, avant il était bai, trahissant des origines ardennaises

…et une fois de plus la boucherie assure la plus grande part de rentabilité de cet élevage extensif de montagne.

L’Ardennais Français.

Le propre cousin de notre Ardennais Belges avec qui il partage l’Ardenne ou les Ardennes (pas de susceptibilité…) les deux ardennais restent fortement liés.

Il sert à la remonte des armées. L’Ardennais devient jusqu’au début du dix-neuvième siècle une des meilleures races de chevaux de selle avant tout, et de trait léger pour la traction du matériel d’artillerie militaire.

Ensuite réservé à la traction du matériel agricole, l’Ardennais devient un cheval de trait plus lourd et plus puissant, ainsi qu’un grand améliorateur de races.

Et comme la majorité des chevaux de travail, la mécanisation de l’agriculture lui porta un coup fatal que la boucherie tempérera…

Cheval réputé pour sa rusticité, sa sobriété et son endurance, il est capable de résister aux intempéries et aux privations. En tout trait, un vrai Ardennais…

Après les campagnes napoléoniennes, les chevaux sont repris en 2 catégories : un cheval léger de type selle et  un cheval plus épais pour satisfaire brièvement l’agriculture mécanisable.

Il deviendra ensuite laboureur-né quand les fermes familiales deviennent de véritables entreprises avant son déclin face à la mécanisation.

Depuis il fait le bonheur des meneurs par son énergie qu’il dispense, et enfin il fait merveille avec son tempérament doux auprès des enfants qui peuvent le mener sans problème.

Conclusion.

Alors que le véritable essor des chevaux de trait date seulement de deux siècles, ils se sont installés depuis deux millénaires dans ces régions françaises qui les ont façonnés alors que la majorité ne mesurait pas plus du mètre quarante…

On a pu lire que ses races de chevaux de trait ont été transformées en cours des siècles par l’homme en fonction de leurs changements de mode de vie.

Les guerres ont aussi apporté leurs lots de changements importants.

Dans la majorité des cas, c’est bien la boucherie qui a permis depuis 50 ans à toutes ces races d’être encore présentes aujourd’hui.

Depuis quelques années, timidement ,leurs utilisations renaissent, diversifiées, parfois anachroniques, mais jamais ils n’ont perdu le capital sympathie qu’ils transpirent.

Notons encore que cette diversité s’est à la fois calquée sur leurs éleveurs dont les opportunités furent diverses.

N’oublions pas bon plus que ces races nous renforcent dans l’identité des terroirs qu’elles transmettent.

Seules leurs utilités et l’amour que l’homme a pour eux pourra les mettre en avant de la scène pour longtemps encore, espérons-le, pour le meilleur….