L’âge du bronze et le cheval.

Sans doute l’âge charnière vers un monde où le cheval prend désormais une place principale dans la nouvelle voie que l’homme partagera avec lui pour le meilleur ou pour le pire durant plus de 25 siècles…

Jusqu’à la fin du néolithique, le cheval sauvage qui parcourait librement les régions des steppes à l’est de l’Oural était surtout exploité comme gibier. Ensuite comme nous l’avons vu précédemment, sa détention en enclos en a fait un animal de bouche très apprécié et facile d’accès.

À cette époque, le cheval des steppes est très petit et certainement pas assez fort pour supporter un homme sur son dos ou tracter de lourdes charges. La comparaison des ossements dans cette région nous amène à penser que sa taille ne dépassait pas un mètre vingt à un mètre trente.

Au début de l’âge de bronze (4000 ans avant notre aire) le cheval n’était que peu employé pour la traction et encore moins pour la selle à cause de sa fougue.

Vers le milieu du XIXe siècle av. J.-C., le développement de l’économie du bronze rendra nécessaire le transport des métaux composant l’alliage (cuivre, étain et plomb), dont les mines étaient éloignées les unes des autres : les transports par mer et par terre se développent, dans toute l’Europe, entre la mer Baltique et la Méditerranée orientale. Les chevaux sont employés à l’instar des bœufs, mais l’équipement du cheval est rudimentaire et contrairement aux bœufs, ils ne supportent pas le joug. Et les sangles en cuir placées sur le poitrail ne sont pas appropriées pour la traction de lourdes charges car elles font pression sur la cage thoracique du cheval ce qui diminue sa capacité respiratoire. Des chariots tirés par des bœufs sont utilisés d’une manière intensive et l’économie en dépend en Europe du Nord, mais ce type de transport est très lent. À l’âge du bronze, les chevaux d’Europe centrale atteignaient seulement 125 à 130 cm au garrot.

Nos chevaux actuels proviendraient probablement de cette partie occidentale de la steppe eurasienne (Ukraine, Kazakhstan et Russie).

Grâce à la sélection naturelle, ces chevaux sauvages se sont adaptés au froid et aux climats humides du nord de l’Europe et de l’Asie, ce qui en a fait des animaux robustes et résistants. Mais la question est : comment l’utiliser ?

L’âge du bronze en Europe Centrale.

Après avoir taillé la pierre pour en faire des outils ou des armes de défense et d’attaque, nos ancêtres ont ensuite poli la pierre, la rendant plus coupante.

La transition vers l’âge du bronze est d’abord démontrée par l’artisanat du cuivre martelé et lentement celui-ci se transforme vers des formes moulées, puis fondues. Ceci devenait possible par la maîtrise de la cuisson acquise notamment avec la poterie.

On trouve dans la culture d’Unétice, vers 2300 av. J.-C. – 1600 av. J.-C., très tôt des objets en cuivre coulé et en bronze arsénié (étain mélangé à l’arsenic). Ceux-ci ont été progressivement remplacés par du bronze à base d’étain (proportion de 10 % d’étain dans le cuivre). Ce procédé augmente considérablement la dureté des instruments en bronze par rapport à ceux en cuivre.

La ville d’Unétice se situe au nord-ouest de Prague en Bohême (République tchèque).


Le monde en 2000 av. J.-C., montrant l’extension de la Culture d’Unétice et ses contemporains.
En jaune : Chasseurs cueilleurs
En violet : Éleveurs nomades
En vert : Fermiers sédentaires
En orange : Villages
En bleu : États
En blanc : Zones inhabitées
* La ligne rouge indique la limite des zones où été pratiqué le travail du bronze.
Extrait de wiki https://fr.wikipedia.org/wiki/Culture_d%27Un%C3%A9tice

Le cheval devient alors un animal de trait bien avant d’être une monture vu sa taille.

Les plus anciennes traces de domestication prouvent que le premier emploi de cet animal est la traction dans le travail de la terre que l’on travaille à l’araire de bois, parfois avec un soc de pierre polie. L’effort de traction n’est pas trop important avec les outils agricoles de l’époque qui travaillaient le sol de manière très superficielle.

Le cheval domestique est donc présent au travail, comme en témoignent de nombreux mors de bride en bois de cervidés. Cette découverte ne prouve cependant pas qu’il soit monté, mais à tout le moins ces quelques moyens de retenue permettaient de mieux le maîtriser à pied à coté du cheval. En effet, les représentations de l’époque le montrent souvent tenus en main plutôt que montés ou attelés.

Le prestigieux cheval « Dieu ».

Les Celtes du deuxième millénaire avant notre aire vénéraient déjà « Épona », la déesse des chevaux, dont le culte nous a été transmis du fait de son adoption par les troupes équestres romaines.

Le cheval possédait aussi une place privilégiée comme animal de prestige lors de processions et de défilés. Il est soit représenté, soit même enterré aux côtés du défunt. Enfin le cheval toujours un appoint alimentaire important disponible en cas de disettes.

Les iconographies de l’époque ne font que confirmer de son statut particulier et de sa relation à l’homme comme nul autre animal.

Et aussi comme l’atteste sa découverte dans quelques tombes sous forme de chars funéraires (vallées d’Iran) comme symbole de pouvoir du défunt, de son statut dans le village ou peut-être simplement que le cheval attelé était alors à leurs yeux le symbole du passage vers l’au-delà…

Quelques objets, que l’on peut assimilé à des mors en bois de cerf, apparaissent déjà vers le IVe millénaire avant J.C. Leur existence cohabitera avec les mors en métal, apparus env 1500 ans avant notre ère prouvant alors que le cheval devient de plus en plus un animal monté. Mais nous n’en sommes pas encore là…

L’invention de la roue.

Vers 3.000 ans avant J.C., la roue fait son apparition sans doute en Slovénie, comme l’attesterait la découverte en 2002 d’une roue en bois montée sur un axe dans un marécage de la région de Ljubljana (ce qui a facilité sa conservation) datée au radiocarbone de 3340-3030 av. J.-C.

Mais la roue du marais de Ljubljana n’est pas isolée et d’autres roues de la même période sont maintenant connues en Europe centrale.

La roue de Ljubljana.

Deux techniques distinctes d’assemblage roue-axe sont actuellement identifiées en Europe.

Pour le premier type d’assemblage, il s’agit d’un type de construction de chariot péri-alpin où la roue et l’axe tournent ensemble, comme c’est le cas de la roue de Ljubljana., et une autre technique connue en Hongrie où l’axe reste fixe.

Les deux techniques semblent contemporaines et dateraient entre 3200 et 3000 av. J.-C.

Les premiers charriots ressemblent plus à des chars légers (type sumérien) à deux roues tirés le plus souvent par deux chevaux. Dans la vie agricole, apparaissent aussi des chariots lourds, toujours fort rudimentaires à 4 roues tirés par un ou deux bœufs et parfois maintenant certaines représentations nous font croire que les chevaux sont également utilisés à la traction utilitaire.

Le privilège de la vitesse.

L’attelage avec un char léger permet maintenant un déplacement rapide favorable à la chasse en plaine ou pour poursuivre les meutes de loups qui font des dégâts dans les enclos. Mais cette vitesse sera bientôt mis à profit dans l’art de la guerre qui s’affinera au fil du temps.

Représentation du char sumérien.

Ajoutons à cela que l’introduction du cheval, parallèlement à celle du char, a sans doute révolutionné l’art de la guerre. En effet, ce n’est sans doute pas tant dans les batailles que le cheval était utilisé, mais la vitesse de déplacement de ces derniers a sans doute permis de relayer très rapidement les commandements et autres informations stratégiques ou encore recouper l’ennemi partis en déroute.

Allié aux archers, l’attelage infligeait aussi de sombres dégâts dans les lignes ennemies qui se déplaçaient à pied…

L’art de la guerre tournait une nouvelle page…

Émergence d’une société en 3 classes.

Grâce à l’exploitation des mines de cuivre et d’étain, la société de l’âge du Bronze en Europe occidentale se transforme, comme en Europe Orientale dès le quatrième millénaire avant J.C.

Trois classes d’individus dont le rôle est bien distinct apparaissent dans la société : les paysans cultivateurs et éleveurs, les artisans et les guerriers. La spécialisation du travail s’accroît avec le développement de la métallurgie du bronze qui exige un savoir-faire d’expert.

La céramique et le tissage deviennent également l’affaire de spécialistes… C’est le commencement d’une spécialisation de plus en plus poussée dans les métiers et donc du commerce, mais peut-être aussi dans l’art de la guerre…

La société change aussi avec l’approvisionnement de plus en plus prégnant dans la demande en minerais de cuivre et d’étain, qui sont parfois acheminé sur plus de 5.000 km.

Basculement vers le machisme.

Si, à l’époque néolithique, les figurations féminines prédominent comme l’image de la fertilité de la déesse primitive, de la maternité, de la terre nourricière; l’âge du Bronze consacre un univers tout masculin.

Les images viriles de l’âge du Bronze renvoient notamment au symbolisme du feu, de la métallurgie et du soleil.

Cette représentation passe dorénavant par le métier de la guerre, celui du travail des métaux, du commerçant voyageur, du paysan laboureur ou chasseur, même dans les nécropoles à la gloire des mâles et bien peu des épouses…et sans doute pour longtemps…

L’essence même de la société change…

Vers 1400 ans av. J.C, les besoins augmentent et expliquent le développement d’une production en série, notamment pour les outils agricoles. En effet, datant de cette période, on a découvert de nombreuses fosses remplies d’instruments semblables, une sorte de stockage…

La poussée démographique exige davantage de denrées et le défrichement s’accélère pour cultiver de nouvelles terres.

Au même moment, les armes se multiplient, ce qui laisse imaginer de possibles affrontements…

Les villages se regroupent en ville sous la protection des guerriers vainqueurs…

Mais ce n’est que les prémices du commencement de l’âge du fer qui pointe son nez…

A suivre…