Maurice OLIVIER.

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Digne représentant de la famille Olivier, à la fois éleveur de chevaux ardennais, de selle, de course, mais aussi fin négociateur politique, Maurice OLIVIER a marqué de son empreinte sa commune de Recogne/Libramont, la Foire de Libramont et l’équitation toute entière bien au delà de sa petite province de Luxembourg.

Il est né à Bastogne le 11 novembre 1921, et termina une vie bien chargée à Libramont le 9 septembre 2002.

Le plus jeune bourgmestre de Belgique.

Agronome, agriculteur, éleveur et étalonnier de chevaux ardennais, Maurice Olivier a élevé aussi des chevaux de selles, et même des chevaux de course avec son frère Louis. Ils les faisaient courir à Bruxelles. Industriel et administrateur de sociétés, il n’est âgé que de 25 ans lorsque l’électeur le désigne comme bourgmestre de Recogne au sortir de la Seconde Guerre mondiale.

Il demeurera à la tête de cette entité jusqu’à la fusion des communes (1946-1976). Il devient alors Premier échevin (1977-1982) de la nouvelle entité de Libramont-Chevigny, dirigée par feu Charles Bossicart.

Bientôt sénateur.

Entre-temps, le parti libéral sollicite ce gentleman « farmer » pour siéger comme sénateur provincial du Luxembourg à partir de mai 1965.

Il fonde le Rotary de Neufchateau et prend l’habitude de commencer les réunions par  une citation. Comme par exemple : « Un homme n’est vieux que quand les regrets ont pris chez lui la place des rêves » (John Barrymore). Ou bien : « Celui qui fait un métier qu’il aime est un homme riche et il peut déclarer avoir bien vécu dans la vie » (Maurice Olivier). Mais aussi : « L’étendue d’un esprit n’est pas dans le nombre de choses qu’il sait, mais des questions qu’il s’est posées sur les choses ». (Maurice Olivier). Ou encore : « Quand tout le monde est du même avis, c’est que personne ne réfléchit beaucoup… ».

Sous la conduite de Pierre Descamps et Gérard Delruelle, Maurice apporte la voix nécessaire à assurer la majorité des deux tiers pour réviser la Constitution qui actait la fédéralisation de la Belgique (décembre 1970).

Quatre ans plus tard, il vote la loi de régionalisation provisoire concoctée par le Rassemblement wallon de François Perin. Et, dès novembre 1974, il participe aux travaux du Conseil régional wallon provisoire (novembre 1974-mars 1977).

Lorsque le PLP wallon, présidé par André Damseaux, s’ouvre au Rassemblement wallon, Maurice Olivier est aussi de l’aventure. Après la chute du gouvernement Tindemans en mars 1977, il entame son dernier mandat parlementaire. Il est repêché comme sénateur provincial de Liège du PRLW.

Vote du 107 quater.

Représentant officiel des Libéraux au Conseil économique régional de Wallonie (1975-1980), il a plaidé en faveur de la mise en application urgente de l’article 107 quater de la Constitution. Cet article définit la Belgique comme un Etat fédéral fondé sur trois régions et trois communautés.

Figure historique du mouvement libéral luxembourgeois, il se retire de la vie publique au milieu des années quatre-vingt. Mais il reste présent dans les lieux de décision et de négociation de son parti.

Il est le frère aîné de Louis Olivier, ancien jockey de course dans sa jeunesse. Ce dernier monte les chevaux qu’il partage avec Maurice. Ancien bâtonnier du barreau de Neufchâteau, Louis devient conseiller provincial du Luxembourg. Il est ensuite conseiller communal de Bastogne. Puis, Bourgmestre, avant d’être ensuite plusieurs fois ministres.

Foire de Libramont.

Louis Mathieu, l’oncle des « Olivier » a participé, en 1926, à la fondation de la société du cheval de trait ardennais. Cette société organise la fameuse foire agricole, et (devenue également plus tard) forestière de Libramont. Maurice entre en 1950 à son conseil d’administration. Il en deviendra le secrétaire général. C’est sous son impulsion que le pôle équestre de la foire se développera. En 1990, il mettra en place avec Paul Laurant l’allègement du cheval ardennais par le croisement avec des étalons arabes. Ce programme fut dénommé « croisement ARATTEL ».

 Maurice Olivier fonda le GHRA (Groupement Hippique de la Régionale des Ardennes) avec un groupe d’amis dont feu Claude Guiot et feu Joseph Botton et en devient le président. Dès les années soixante, il devient membre du bureau de la Fédération Belge des Sports Equestres, organisatrice des diverses compétitions hippiques en Belgique. C’est sous ses auspices aussi, et grâce aux sponsors qu’il attira, que le jumping de Libramont fonda sa très grande réputation auprès des cavaliers belges. Il donnera encore naissance fin des années 80 au cycle classique des jeunes chevaux au niveau national.

Souvenirs personnels de l’auteur de cet article.

J’ai eu le plaisir et l’honneur personnel de côtoyer Maurice régulièrement à Recogne. C’était lors de mon écolage à l’attelage chez son fils Mathy. J’ai même été plusieurs fois son « chauffeur personnel » lorsqu’il fallait parfois le ramener de concours ou d’expertises à Gesves. Je me souviens à cette époque de cet homme affable, bedonnant, aidé de la canne pour se mouvoir. Il était souvent tiré à 4 épingles coiffé du chapeau « Stetson » à large bord rivé sur la tête. Il arborait ce sourire inimitable en coin lorsqu’il apercevait une personne qu’il appréciait venant à lui. Son œil était aguerri à juger promptement un cheval en quelques secondes. Ses avis sur les chevaux étaient souvent tranchants. Il semblait avoir souvent la même perception des choses avec les humains… Pas de langue de bois chez les Olivier…

Le Challenge Maurice Olivier.

Toujours à l’affut d’idées pour mettre en valeur l’allègement du cheval ardennais, il avait en tête sa « vision » axée sur la nécessaire utilité du cheval à renforcer dans les esprits. Il mit en place « le Challenge Maurice Olivier ». Les meneurs ardennais se souviennent de ces épreuves dans le grand ring qui enthousiasmaient les foules. C’était une épreuve par élimination en miroir pour attelage en simple. Les deux concurrents partaient du milieu du grand coté en vis-à-vis, et au coup de trompe, ils partaient pour un tour au pas rapide, et un tour au trot rapide. Et gare si l’allure n’était pas respectée car les pénalités étaient salées… Maurice était en effet convaincu qu’il était important d’avoir un cheval avec de grandes qualités de locomotion au trot (l’idée du cheval voiturier). Mais le pas aussi était un gage de souplesse dans le dos et de la force dans les postérieurs. Sa vision d’un cheval endurant, léger et rapide… Il était d’accord de partager la même vision que Paul LAURANT sur le sujet. (cfr. les divers articles sur la bibliographie de ce dernier sur ce site.)

Anecdotes.

Une fois à la retraite, le métier d’éleveur titillait toujours autant Maurice. Il s’était trouvé une nouvelle passion pour l’élevage de poules de concours, notamment les « Marans ». Maurice parcourait les concours pour valoriser son élevage avicole. Il les présentait parfois même jusqu’en Suisse.

Voici une anecdote personnelle que son fils Mathy me raconta un jour. Dans sa prime jeunesse, il avait accompagné son père Maurice, dans le début des années soixante, je pense, dans les fermes de la campagne ardennaise à la recherche de chevaux ardennais. Les mines, à l’époque, étaient encore grandement demandeuses de chevaux pour le travail de traction des wagonnets au fond des puits. Une seule exigence : le cheval devait toiser sous le mètre cinquanteafin de pouvoir descendre facilement au fond de la mine dans la « cage » des puits.  

Preuve, s’il en était, que cette taille recherchée n’était pas si rare à cette époque et valait sûrement son petit pesant d’or…

A son petit fils Yves, Maurice avait dit un jour… « Dans la vie, tu peux tout laisser tomber, sauf la Foire de Libramont, car c’est le cœur de l’Ardennais qui bat à Libramont ».