Éleveur et juge ardennais, Yves OLIVIER

Je vous propose deux prochains interviews d’éleveurs ardennais qui participent aujourd’hui très activement à l’allègement de la race ardennaise selon le protocole de croisements mis en place par le stud-book ardennais. Ces 2 éleveurs, Freddy SCHMITZ de Champs/Bastogne et Yves OLIVIER, aujourd’hui de Bertrix, sont membres de l’Equipe des Ardennais Belges depuis de longues dates.  

Nous commençons aujourd’hui par Yves OLIVIER.

Interview du 26/01/2021.

J’ai 50 ans. Je suis le fils de Mathy OLIVIER et le petit fils de Maurice OLIVIER de Recogne/Libramont. Je suis marié. J’ai deux garçons et une fille.

Comment êtes-vous arrivé dans le Cheval Ardennais ?

On pourrait dire que je suis un peu comme Obélix, tombé dans la potion magique. En effet,  j’ai toujours été baigné dans l’élevage de différentes races de chevaux présents chez moi : notamment le cheval de trait Ardennais et le cheval de selle.

Mon grand père paternel, Maurice, élevait déjà des chevaux. Il a tout d’abord été étalonnier avec des Ardennais  et a sillonné  l’Ardenne, avec eux. Il a ensuite partagé sa passion des chevaux, ici de courses, avec son frère, Louis OLIVIER de Bastogne, qui était jockey et qui deviendra Ministre bien des années plus tard.

Maurice, fit acheter un étalon nommé « Poker à mon père, Mathy. Cet étalon était un cheval français trois-quarts pur sang anglais. Mathy croisa cet étalon avec les juments purs sangs anglaises de Maurice et Louis et spécialement celles réformées. Le but était de fournir la chasse à courre du « Rallye Vielsalm » en Belgique qui était demandeuse de chevaux avec de la galopade et un gros cœur pour sauter les obstacles naturels et courir toute la journée.

Mon père faisait, dans ma jeunesse, les tournées avec les étalons « maison » avec un camion des Etablissements « Lambert » de Libramont. Ce dernier, transporteur, était le beau père de Maurice, mon grand père.

Parlez-moi de vos chevaux actuels.

Je n’ai plus de chevaux de selle aujourd’hui. Pendant longtemps, j’en ai élevé avec mon père Mathy, puis avec mon beau-frère Eric Grossman de Waremme, surtout des chevaux de selle. Je les préparais pour le saut d’obstacles. Un de nos produits, Raya, est devenue vice-championne de Belgique des 5 ans à Gesves.

Maintenant, je n’ai plus que quelques ardennais dont 4 que j’attelle : une 9 ans Fédine M.O. qui est une croisée F2 Cob, une autre de 5 ans Kamichi M.O. qui est une fille de Walki du Monty étalon F3 Arabe et deux 4 ans Lolita M.O. F2 Cob par l’étalon ardennais Ucra de Maucourt par la jument Ultisse M.O. F1 Cobet une autre F2 Cob par Tarco M.O. étalon F1 Cob.

Que signifie M.O. derrière le nom de vos chevaux ?

Ce sont les abréviations pour « élevage » Mathieu-Olivier. Ces deux noms représentent  notre famille. Ils ont fondé la réputation de notre élevage. On peut donc dire qu’ils sont nés chez « nous ».

Et que signifie F2 Cob ou F1 Arabe ?

 C’est la classification selon le protocole de croisement pour l’allègement de l’Ardennais mis en place au départ en 1990.

F1 signifie un croisement avec 50% de sang ardennais au départ d’une jument ou d’un étalon ardennais pur, bien sûr. F2 est un croisement avec 75% de sang ardennais et donc 25 % de sang étranger.

Parlez-nous du protocole « Arattel ».

On parle d »Arattel » pour Ardennais d’attelage.

En fait, deux races étrangères sont entrées dans le protocole pour le croisement ardennais. En 1990, il y avait le pur-sang arabe et un peu plus tard le Cob Normand. Ce dernier est un cheval de trait français à l’origine du cheval de Selle Français (SF) par croisement avec le pur-sang anglais notamment.

Remarquez qu’il peut aussi y avoir un F3 arabe, donc il lui restera seulement 12,5% de sang arabe dans leur veine. Il n’existe, par contre, pas de F3 Cob parce que le Cob fait déjà partie d’une race de trait, contrairement à l’Arabe qui est un « pur-sang ». Il n’y a alors pas lieu de présenter un étage de croisement supplémentaire. Le F2 Cob et le F3 Arabe réintègrent au final le Stud-book ardennais comme un « pleins papiers », ce qui est le but du protocole de croisement entrepris pour l’allègement de la race ardennaise. Le F1 n’est pas la finalité, mais le passage obligé, comme le disait Paul LAURANT.

Quel pourrait être votre prochain challenge ?

Mon souhait, aujourd’hui, est de préparer un attelage à 4 chevaux avec des juments « maison ». Lolita et Kamichi seraient en volée, car elles sont plus petites, plus légères et malheureusement peu typées ardennaises, tandis que Muguette et Fédine sont plus grandes et plus massives pour le timon.

Ce ne sera pas vraiment un attelage au top pour les critères esthétiques…avec en volée une de robe alezane et une autre baie…ce n’est pas très conforme, mais c’est pour l’instant tout ce que j’ai à présenter…

Mais il y a aussi le commerce…

Je viens en effet de vendre plusieurs autres ardennais. Quessie, jument née chez l’éleveur Pascal Jacob de Vaux-sur-Sûre, une bonne jument, qui a été débourrée chez moi à l’attelage et vendue chez Boreux de Rochehaut pour les balades touristiques.

J’ai vendu aussi Kawa M.O. à Christian Breuskin, un meneur de l’équipe des Ardennais Belges qui cherchait à remplacer sa jument « maison » qu’il trouvait trop lourde face aux exigences de la prochaine édition de la « Route du Poisson en 2021 »…

Le choix a été cornélien pour ce jeune meneur qui vise déjà la perfection en attelage…

Pauline, la fille de Christian, prépare la jument à la selle, aussi pour la « Route du Poisson 2021 », avec Florence Hotton, comme professeure, grande cavalière de dressage, du manège de Paliseul.

Vous avez quitté Recogne. Que faites-vous maintenant ?

Je travaille maintenant à Mogimont, à la ferme du « Fumet des Ardennes ». Au travail, j’assouvis toujours ma passion pour l’élevage, cette fois avec un troupeau de moutons.

Il est composé d’un melting-pot de races de moutons diverses. Il y a du type croisé suffolk (gros os), du Texel français et du Charolais (moins laineux, qui réclame la lampe chauffante pour les agneaux en hiver) et aussi du Rouge de l’Ouest (plus fin d’os, plus facile à agneler) mais la finalité est donc le viandeux avec environ 150 agnelages par an. Avant à Recogne, avec Mathy, on avait élevé du Bleu du Maine pendant 5 à 6 ans. J’y avais pris goût.

L’élevage des moutons demande beaucoup de suivis. Il y a les agnelages, les soins des pieds attaqués par l’ammoniac des litières, les problèmes d’allaitement, le paillage, l’abreuvage, les compléments…

Un bon job pour quelqu’un qui aime l’élevage comme moi. C’est un autre métier que les chevaux, mais c’est gai les naissances.

J’ai vu aussi que vous étiez juge d’élevage pour le Cheval de Trait Ardennais lors de la Foire Agricole de Libramont.

Pouvez-vous nous parler de ce rôle de juge ? Comment le devient on ?

En 1993, je me suis inscrit au cours de juge organisé par le Stud-book ardennais. Je suis sorti  troisième de la promotion. Une commission de suivi nous accompagnait en concours et j’ai notamment appris beaucoup sous l’œil vigilant de Marcel Draime. Puis, il y eut mon premier jugement à Libramont avec Eddy Van Der Schueren.

C’est Felix Brasseur qui était venu nous entretenir sur l’importance des allures du cheval. L’éleveur André Lecharlier avait discouru sur l’élevage à proprement parler et un zoologiste le Dr. Rase sur l’anatomie du cheval.

J’ai aussi participé à une formation de juges organisée par la CWBC Confédération Wallonie-Bruxelles du Cheval). J’ai trouvé intéressant de mieux connaître la mécanique de la locomotion du cheval. Elle est, en effet, la même chez un cheval ardennais ou un cheval de selle. La formation avait lieu à Ciney.

J’ai fortement apprécié les 2 juges français que j’ai trouvés très didactiques (je n’ai pas la mémoire des noms). Un des juges français a jugé beaucoup de races chevalines différentes, les traits comme les selles ou ceux de courses. J’ai appris, par exemple, que les chevaux long-jointés étaient préférables que les court-jointés. Notamment si les long-jointés sont « dynamiques », ils ont comme des amortisseurs aux antérieurs et aux postérieurs, ce qui est bien mieux pour un sauteur. Ou encore au niveau du trot, il y a des chevaux qui trotte en extension et d’autres qui trottent du genou. Il nous a appris que ceux qui trottent du genou sont supérieurs par la souplesse et l’amplitude dans le mouvement. On m’avait longtemps fait croire le contraire…

Les infos étaient pratiques et  techniques…Pour juger, on doit quelquefois trancher sur peu d’éléments…Ces considérations m’ont apporté des éclaircissements.

Souvent le jugement est déjà assuré à 65% quand le cheval entre et vient vers vous. On voit comment il se déplace.

Un bon apprentissage.

Mais la fois où j’ai le plus appris, c’était à Mont-Le-Soie. 3 groupes de 3 personnes devaient juger et classer 32 ardennais de 3 ans de toutes origines. Il y avait un groupe de meneurs, un groupe d’éleveurs et un groupe de débardeurs. J’étais dans le groupe des éleveurs. J’ai pu m’entretenir avec le débardeur Paul Guillaume de Petit Thier, une véritable « légende » du débardage.

Ma question était comment classer un cheval cagneux et un cheval panard, deux défauts d’aplomb chez le cheval ?

Paul Guillaume m’a fait comprendre que le panard est capable de monter un talus mais pas le cagneux qui s’assied devant le talus et à toutes les difficultés à l’escalader. Je pouvais maintenant mieux classer ces deux défauts par l’expérience des anciens.

Mieux vaut aussi un cheval trop droit qu’un trop coudé…

Anciennement les vieux savaient, mais pas toujours pourquoi…

Foire de Libramont et stud-book du Cheval de Trait Ardennais.

Le 4 juillet 1926, fut créée à Libramont la société du Cheval de Trait Ardennais, en abrégé le CTA à l’appel de Paul BIEMONT, régisseur du Domaine de Roumont-Ochamps qui fut son premier Président, et des vétérinaires Abel WOYGNET de Bertrix qui devient le premier Secrétaire et Louis RULOT de Rochefort le premier Trésorier. Les vice-présidents étaient Louis MATHIEU, mon aïeul, de Bastogne et Le Baron de FAVEREAU de Jeneret.

Notons encore qu’en 1928, mourrait Louis MATHIEU et qu’entre en scène en tant qu’administrateur Henry OLIVIER, successeur de la Maison MATHIEU, c’était le père de Maurice OLIVIER. Maurice succéda à son père Henry et entra au conseil d’administration du CTA en 1950.

La société du Cheval de Trait Ardennais fonde la Foire de Libramont. Et le CTA inaugure ainsi, en 1927 le premier concours exclusif de la race ardennaise.

L’asbl du Stud-book du Cheval de Trait Ardennais.

 C’est seulement le 15 mars 2003 que le Stud-book du Cheval de Trait Ardennais s’organise en asbl. en déposant ses statuts au Moniteur Belge. Au coté du Dr. Michel ECTORS, le président, Mathy et Yves OLIVIER font partie des 14 premiers administrateurs. Mathy et Yves sont donc les dignes représentants de la famille des OLIVIER, et avant eux des MATHIEU. Yves exerce aussi la fonction de vice-président depuis 2014.

Quels souvenirs gardez-vous de votre première route ?

C’était en 1993. C’était la première Route du Poisson à laquelle  notre équipe ardennaise a participé.

Nous sommes partis avec deux hongres, Sultan, un bai-cerise et Dakar, un rouan. Quand on regardait Dakar au box, il semblait avoir arrêté de respirer. Mais quand il voyait la préparation des harnais, il prenait 120 de pulsations d’un coup. Les premiers cent mètres de l’attelage étaient un peu « rock and roll » avec la queue de Dakar incrustée entre les fesses… Quel peureux celui-là…

On avait comme chef d’équipe Félix-Marie BRASSEUR, qui venait de remporter le championnat du monde d’attelage à Waregem en 1989. Il nous obligeait à courir à coté de la voiture dans les montées pour soulager les chevaux, que l’on soit meneur ou groom. Et on courrait les guides en main…

J’ai aussi le souvenir d’une réflexion de Patrick au départ de Boulogne-sur-Mer. « Tu vas voir, les Français sont capables de nous mettre un « gros » comme arbitre passager à la place des belles jeunettes qui officient sur les voitures françaises ! Et il avait vu juste…Ce n’était pas une jolie jeune fille… mais un bon corpulent personnage.

Et nous avons réussi, sans le vouloir, c’est juré ! dans un mouvement un peu scabreux pour éviter une voiture, à l’expulser hors de la voiture…et Félix qui nous encourageait à ne pas nous en occuper parce qu’il n’y avait pas de temps à perdre… C’était son problème s’il ne s’était pas assez cramponné….

 Que de souvenirs…

Inspirant !

Les routes ont aussi donné beaucoup d’émulation parmi les équipes de races de chevaux de trait. Elles ont aussi motivé de nouveaux organisateurs à créer de semblables évènements internationaux.

Comme par exemple, mais je suis sûr que personne ne s’en souvient, la « Route du Jambon » en Belgique, appelée aussi Aywaille – Bastogne – Aywaille, à l’instar de la célèbre course cycliste Liège-Bastogne-Liège. De bien belles initiatives…

Viva for Life

Quelle perception avez-vous de l’équipe des Ardennais Belges ?

Je n’ai pas participé à beaucoup de Routes avec notre équipe, car il y avait la gestion de la ferme à assumer tout seul…On ne peut pas être au four et au moulin…

Quand on est jeune, les souvenirs sont très forts et restent bien ancrés dans nos souvenirs. C’est une belle équipe, même si les résultats ne sont pas toujours à la hauteur de nos espérances.

J’ai aussi toujours tenté d’œuvrer à leur trouver des facilités pour les entrainements chez moi ou pour trouver le dernier cheval qui manquait avant le départ à une route…

Pour les plus jeunes, c’est aussi la participation à un projet collectif avec comme point d’orgue l’amusement, et le fait de vivre avec les chevaux qui est une grande aventure et aussi se sentir bien dans une belle équipe et montrer qu’on sait faire quelque chose avec nos chevaux de trait, et qu’on en est fier.

Pour les plus vieux, c’est surtout l’ambiance et la convivialité entre coéquipiers ou avec les autres équipes. Ce sont des échanges riches avec les autres éleveurs dans le partage de leurs préoccupations et avec ce lien commun de l’amour du cheval de trait.

Il y a toujours eu une bonne ambiance dans l’équipe, parfois un peu de pression du chef, mais il est là pour ça, non ?…

Lors d’une épreuve dans la préparation de la route, nous étions à Malines lors du Christmas Horse Show en démonstration avec nos ardennais, et avec le stress et un peu de précipitation, nous avons même réussi à casser un palonnier …Que de souvenirs…

Mais maintenant l’équipe à essaimer un peu partout en Ardennes, a fait des émules et ainsi d’autres équipes sont nées.

De la fierté…

Le but est de montrer nos chevaux et leurs qualités, et c’est une belle réussite à ce niveau quand on voit le retentissement que notre race ardennaise évoque de nouveau dans les esprits.

J’ai aussi une fierté toute particulière vis-à vis de mon élevage et des Routes, même celles auxquelles je n’ai pas participé,  car en effet à chaque Route de l’équipe des Ardennais Belges depuis 1993, il y avait des chevaux estampillés M.O. … la marque de fabrique « maison ».

Quelle belle vitrine pour les chevaux de trait !

Et pour 2021 ?

 J’ai un peu des doutes avec cette grosse armada trop professionnelle à mon goût ; j’aime moins. J’ai peur que cela ne casse l’ambiance et les contacts entre équipes… déjà qu’il reste très peu d’éleveurs sur les Routes. Mais, c’est une très belle activité pour les traits. Cela doit rester gai et aussi festif entre les participants.

Par contre, j’approuve les nouveaux organisateurs qui font pression pour que les équipes arrivent au départ avec des chevaux prêts et compétitifs.

Une belle initiative aussi est la mise en surveillance de la protection du cheval contre les hommes qui prennent leurs chevaux pour des faire-valoir de leur orgueil personnel. Des gens pareils doivent être à jamais exclus des routes…

Je trouve bien aussi de faire une Route sans les « tout gros » traits. Ces chevaux sont beaucoup plus capables de marcher longtemps à longues enjambées au pas ou faire de gros efforts en force, mais ce ne sont pas des chevaux « carrossiers » pour trotter une heure et demie d’une traite.

C’est bien sûr compliqué de faire une belle épreuve…car il y a aussi des chevaux trop légers qui ne représentent pas non plus vraiment le cheval carrossier/voiturier…

Hors des ardennais, avez-vous une autre passion ?

Non. Je suis fou de l’élevage des chevaux. J’aime me tenir au courant des tendances de l’élevage, et aller voir un peu partout comment progresser…

Que pensez-vous des croisements pour l’allégement de l’Ardennais ?

L’Arabe – Très bon croisement. Mais les choix des étalons n’étaient pas trop judicieux au départ, notamment à cause de leur taille trop petite. Néanmoins, merci quand même à Nelly Philippot du haras du Moirmonay qui fut la seule à avoir accepté ce challenge.

D’une manière générale, la première génération avait un tempérament très chaud.  La seconde génération était un peu trop « frappadingue », et donc très compliqués à mener… pas facile non plus à revendre à Monsieur ToutLeMonde…

Le but est bien toujours de produire des chevaux faciles, donc aussi faciles à vendre, sinon on loupe le marché.

Le Cob Normand  –  Bon. Parce que ce sont des chevaux plus lourds, plus froids, avec de la longueur de dos ce qui reste intéressant pour l’attelage. Mais on a perdu au niveau de l’expression de la tête, du manque de cœur et pas assez gagné, d’après moi, dans les allures.

Le choix de la commission de prospection des Cobs Normands – J’en suis assez contant. Les étalons sélectionnés n’étaient pas trop lourds, mais étaient-ils vraiment des chevaux de travail ? L’idéal serait évidemment de démarrer avec des étalons de travail. N’a-t-on pas trop perdu un peu de « peps » que l’on retrouve souvent chez l’Ardennais ?

Car on a aussi de purs ardennais avec du « peps », mais ce serait sans doute actuellement trop long et trop difficile de les sélectionner afin d’augmenter le cheptel avec si peu de naissances.

Pour moi, c’est ok pour le « peps », mais il faut aussi qu’il ne soit pas ingérable…je suis donc assez circonspect par l’expérience avec le croisement arabe. La commission de sélection devrait pouvoir choisir de meilleurs étalons arabes… Le stud-book a commencé cette démarche. A voir les prochains produits…

Et l’Ardennais Français ?

Les Ardennais français sont plus longs de dos et ont aussi la tête allongée, et souvent toisent plus grands…Certains sont certainement bien conformés pour l’attelage, mais, pour moi, on doit pouvoir rester dans notre type belge…pas trop grand, dos court, rein puissant, allures vives, petite tête expressive…

Votre type de cheval alors ?

J’ai toujours adoré une ou deux juments que j’estimais d’avenir. Par exemple, Gheisha de Samrée, championne nationale à Libramont. Mais, elle est partie sur un croisement vers des étalons trop lourds. Je trouve cela dommage.

Chez les Goosse, il y avait une toute bonne jument Waza …, plus petite, calme mais très dynamique dès qu’on la mettait en mouvement et beaucoup d’actions. L’éleveur a préféré aussi lui remettre de la masse.

Ces éleveurs ont leur propre vision « concours » et pas la vision « utilisateurs »…

Kawa M.O. a elle aussi une jolie tête, n’est pas trop membrée, et possède une belle locomotion…Je viens de la vendre… Les choix sont parfois bien cornéliens pour un éleveur…mais si on sait faire plaisir sans perdre ses culottes…

Quelques belles lignées pas trop lourdes existent encore en Ardennais. Ils existent en effet de bons chevaux, plus légers et souvent plus petits, chez les éleveurs ardennais, mais ceux-là ne participent d’habitude pas aux concours d’élevage et donc ne les montrent pas. Mais ils existent encore…

Lors du dernier programme de sélection de poulains hors origines, il y a de çà 2 ou 3 ans, …nous les juges (Maron, Magerat, Ectors et Olivier) en avons vu quelques uns, pas beaucoup, 3 ou 4,  sur 3 ans de prospection. De bons chevaux sans plus.

Mais généralement leurs éleveurs n’acceptent pas de les présenter en concours. Et il ne faut pas se tromper, cela est aussi très exigeant de préparer des chevaux pour une présentation. Ces éleveurs ont un regard assez négatif sur les jugements. Peut-être à cause d’une expérience précédente qui s’est mal passée… Mais aussi souvent avec beaucoup d’apriori : « il faut présenter que des gras comme des cochons » ou que « des grands »…

Un de leurs chevaux fut classé, premier à Libramont et de suite cet  étalon hors origines a été vendu et est parti pour le bonheur d’un autre éleveur… Donc, çà existe encore…il faut chercher…

J’ai trouvé cette démarche du Stud-Book à ce sujet très intéressante. A renouveler donc…

Merci Yves.

Patrick.

2 réflexions sur “Éleveur et juge ardennais, Yves OLIVIER

    • 6 mars 2021 à 9 h 07 min
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      Merci et content de la partager…peut-être lors d’une rencontre prochaine…

Commentaires fermés.